DEVELOPPEMENT : « Investir efficacement pour un développement économique et social au Tchad »

Transport routier : 383 184 150 333 Fcfa est la somme investie dans les travaux routiers urbains au Tchad de 2006 à 2016, 72 199 580 440 Fcfa est la somme de perte annuelle liée aux accidents au Tchad, alors que les taxes générées par le secteur de transport urbain à N’Djamena sont estimées à moins de 1,5 milliards par an. Le Gouvernement et ses partenaires au développement investissent des milliards de Fcfa dans la construction des infrastructures routières dont l’impact est peu visible. Les chiffres incitent naturellement à une réflexion sur l’efficacité des dépenses publiques dans le secteur des transports au Tchad.

La dégradation avancée des réseaux viaires, la vétusté du parc automobile, l’inadéquation de la fonction de lissage (relation linéaire de la voirie et croissance du parc automobile), l’insécurité routière, la pollution atmosphérique, sont les principales caractéristiques du transport routier au Tchad. Depuis l’avènement du pétrole, des centaines de milliards de francs CFA sont investis dans le transport routier. Quel est le mode de fonctionnement du secteur de transport routier ? Comment investir efficacement dans le transport routier pour impulser le développement économique et social au Tchad ? Les réponses à ces questions constituent l’ossature de cette étude.

Le transport est le vecteur essentiel du développement économique et social. Il offre des opportunités aux différentes catégories sociales (les pauvres y compris) de participer et de contribuer aux gains de compétitivité d’un pays. Les infrastructures de transport donnent accès aux emplois, à l’éducation, aux services de santé, à la livraison des biens et services, facilitent les interactions entre les individus. Le transport est fondamentalement un facteur de la croissance économique d’une société.

Les dépenses publiques quant à elles constituent un champ d’intervention macro-économique très vaste qui met en branle plusieurs approches et stratégies. Elles ne se limitent pas seulement au budget de fonctionnement de l’Etat, elles prennent en compte l’impact qu’à un budget étatique sur le social et l’économique ainsi que le rôle des partenaires dans l’implémentation du processus de développement. Les dépenses publiques sont en réalités les « sommes engagées par l’Etat, la sécurité sociale, les collectivités territoriales, les administrations et tous les organismes qui leurs sont rattachés ». Elles sont regroupées en trois catégories : les dépenses de fonctionnement, les dépenses d’interventions et les dépenses d’équipement ou d’investissement. Historiquement, elles se résumaient seulement aux fonctions régaliennes de l’Etat. L’actuelle étude essaie d’analyser l’incidence des investissements dans le secteur de transport routier sur l’économie et le social au Tchad.

Quelques chiffres d’investissement dans les infrastructures routières au Tchad

Depuis l’avènement du pétrole (en 2003) le pays de Toumaï a connu une progression considérable des voies revêtues qui améliorent les conditions de transport routier. Dans un pays comme le Tchad où 80% de la population est rurale et vit des activités agro-pastorales, disposer d’une route est sans doute une solution idoine pour lutter contre la pauvreté et impulser le développement économique et social. La route assure jusqu’à 95% de commerce national et international.

Dans le document stratégique de la réduction de la pauvreté (DSRP) de 2006, la construction des routes faisait partie des priorités du gouvernement. La Banque Islamique pour le Développement (BID) était l’un des partenaires clé qui accompagnait le gouvernement tchadien dans cette politique. La BID a soutenu la construction de la route Massaguet – Massakory sur 68Km à hauteur 10,61 milliards de dollars soit 18% du coût total qui s’élève à 59,68 millions de dollars. Alors que l’Etat tchadien a contribué à hauteur 49,07 millions de dollars soit 82%. La route Bokoro – Arboutchatak sur une distance de 67km a coûté 62,81 millions de dollars dont la BID a contribué à 17% (10,79 millions de dollars), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique a contribué à 20% (12,59 millions de dollars) et le l’Etat tchadien à 63% (39,43 millions de dollars). La route Pala – Kélo au Sud- Ouest a fait l’objet d’un accord de financement à hauteur de 76 millions d’euro entre la Banque de développement des Etats d’Afrique centrale (BDEAC) et le gouvernement tchadien en 2016. S’ajoute à cela des réseaux routiers bitumés de la capitale vers le sud jusqu’au corridor du Cameroun. L’aménagement des réseaux routiers urbains s’élève à 383 184 150 333 dans la période allant de 2006 à 2016 selon la direction générale des routes.

Le réseau de transport demeure un secteur macro-économique au Tchad. Le secteur en lui-même constitue une activité économique, il soutient les activités socio-économiques urbaines et rurales. La construction, l’entretien courant et périodique efficace des infrastructures de transport recèlent des avantages économiques réels. La productivité devient un sujet au centre de la politique publique dans laquelle le transport joue un rôle vital. « La mobilité soutient l’économie dans une société qui se veut moderne », (Pierre Vettz 2004). Le transport et l’économie constituent un couple inhérent au fonctionnement de la société, les dépenses publiques liées à ceux-ci doivent être faites avec soin. Parce que les coûts sociaux des transports entraînent des dépenses supplémentaires avec des impacts négatifs sur l’économie.

Le Tchad dispose d’un document de stratégie nationale de la sécurité routière dont l’implémentation reste problématique pour plusieurs raisons. Les Accidents des voies publiques (AVP) sont liés aux facteurs humains, à l’état des routes et à la vétusté du parc automobile. Les AVP compromettent l’économie, entretiennent la pauvreté et suscitent le doute sur les investissements colossaux dans ce secteur. Le nombre d’accident dans la capitale va croissant depuis 2011 à 2017.

Tableau 1 : Récapitulatif des accidents de circulation à N’djamena

Les chiffres contenus dans le tableau ci-haut n’établissent que le profil de la ville. Alors que le Tchad à une spécificité en matière de sécurité routière, qui, statistiquement lui accorde un record incomparable aux autres pays d’Afrique subsaharienne. Selon les données du ministère, les AVP font 2698 victimes par an et 6617 blessés (consulter le site de Tchad infos du 4 décembre 2018) sur l’ensemble du territoire national. Ce qui n’est pas sans conséquences sur l’économie et les investissements.

Tableau 2 : Rubrique des pertes liées aux accidents par an

Un modèle de transport organisé, sûr, efficace, compétitif inclusif et durable pourra faciliter une excellente administration des biens et services et rendre l’économie compétitive. Chaque année le Tchad perd 72 199 580 440 Fcfa à la suite des APV. Dépense qui équivaut à au moins 45 salles de classes modernes et plus que le budget de fonctionnement des hôpitaux. Le système de transport compromet ou contribue à la croissance économique selon le leadership. Il est nécessaire de redéfinir les stratégies des dépenses publiques liées au secteur de transport au Tchad afin d’impulser le développement économique et social. Le désenclavement facilite aux paysans l’accès au marché avec les produits agricoles, d’où la célèbre formule de Remy Prud’homme et Didier Michel : Infrastructure=Transport=Echange=Croissance. Le transport et l’économie sont indissociables, les dépenses publiques doivent être faites avec minutie.

Bienvenu Daldigué

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