La jeunesse est considérée comme socle de développement. Bien formée et soignée, elle pourrait participer activement au développement et à la lutte contre la pauvreté à travers le monde.
La population tchadienne, selon le rapport sur le dividende démographique de l’UNFPA (2015), est composée de 50,4% de femmes et 49,6% d’hommes. Une forte tranche de cette population est jeune, les moins de 5 ans représentent 19,9% de la population totale, les moins de 15 ans 50,9%, les 15 à 64 ans 46,6% et les 65 ans et plus 2,5%. Il faut relever que plus de 81% de la population tchadienne est jeune soit 4 individus sur 5 sont âgés de moins de 35 ans. Ce qui pourrait constituer une véritable opportunité pour le développement du pays, mais aussi des défis majeurs en termes d’investissements sociaux (éducation, santé, sécurité sociale, etc.) et de création d’emplois pour répondre aux besoins de plus en plus croissants de cette jeunesse.
En effet, beaucoup d’études ont montré que lorsque la population d’un pays est majoritairement jeune, la probabilité de réussir les programmes de développement est élevée puisque les jeunes constituent une main d’œuvre (force productive) et une classe de consommateurs, deux facteurs concourant à la création de la richesse nationale. A contrario, une population vieille constituerait une charge dans ce sens où le pays doit s’occuper de la retraite des personnes âgées et du financement des services sociaux qui sont croissants avec l’âge. Toutefois, une population majoritairement jeune ne constitue pas systématique une source de croissance économique. Pour que cela soit possible, des investissements sociaux au préalable sont nécessaires pour que la main d’œuvre soit qualifiée et productive. C’est le capital humain. En plus de cela, il doit exister un équilibre relatif entre l’offre et la demande sur le marché du travail afin d’éviter un niveau de chômage important. Un taux de chômage structurellement élevé non seulement est une perte pour l’économie, mais représente aussi des enjeux sécuritaires. Le lien entre chômage des jeunes et insécurité ou instabilité sociale est de plus en plus évident. Les soulèvements populaires tels que le ‘‘Printemps arabe’’ au Maghreb fin 2010, « Y en a marre » au Sénégal en 2011 et plus récemment le « Balai du Citoyen » au Burkina Faso en 2014 sont considérés comme des réponses au manque de perspectives économiques des jeunes de plus en plus éduqués et de l’incapacité des pouvoirs en place de répondre à leurs aspirations.
Le Tchad pourrait profiter de sa jeunesse afin de développer des programmes adéquats de développement pour permettre à celle-ci d’apporter sa pierre de contribution et participer étroitement au développement socioéconomique du pays. Malheureusement, les jeunes tchadiens, majoritairement de nos jours, sont convaincus que la réussite est liée à l’existence d’un parent « haut placé » ou que la fonction publique est la seule issue possible pour la carrière. Cette situation conduit à un manque de confiance des jeunes et à la promotion du défaitisme qui entrave dangereusement la culture du mérite dans notre pays. Certains jeunes, diplômes en poche, font de l’alcoolisme leur cheval de bataille. D’autres par contre appelés communément ‘’les héritiers de Moursal’’ se contentent des héritages (surtout biens immobiliers), renonçant à tout effort pour quitter cette situation d’assistés.
Vu le niveau de chômage très élevé dans notre pays surtout en milieu jeune (75% des demandeurs d’emploi sont jeunes), l’on se donne raison de se demander si la culture entrepreneuriale ne pourrait-elle pas être la solution adéquate à proposer aux jeunes ? Quels sont alors les résultats de nombreux programmes d’appui à la jeunesse prônés par le Gouvernement ainsi que l’efficacité des fonds alloués à la jeunesse ? Pour répondre à toutes ces questions pertinentes, Tchad Eco a tendu son micro au Ministre de la Jeunesse dans une interview spéciale et à des chercheurs et praticiens du développement dans sa 12ème parution. Nous souhaitons bonne lecture à nos lecteurs.
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