La BAD aux urnes le 28 Mai 2015 : Quelles sont les chances du candidat tchadien?

Le ministre Tchadien des Finances et du Budget Mr Bedoumra KORDJE
Le ministre Tchadien des Finances et du Budget Mr Bedoumra KORDJE

Alors que le mandat de Donald Kaberuka à la tête de la Banque Africaine de Développement finit le 28 mai prochain, huit candidats sont en lice pour le remplacer. Il s’agit notamment d’Akinwumi Adesina (Nigéria), Sufian Ahmed (Ethiopie), Jaloul Ayed (Tunisie), Bédoumra Kordjé (Photo ci contre Tchad), Christina Duarte (Cape Vert), Samura Kamara (Sierra Léone), Thomas Sakala (Zimbabwé) et Birama Boubacar Sidibé (Mali).

L’élection à la présidence de la BAD se tiendra à Abidjan en Côte d’Ivoire lors des Assemblées Générales Annuelles de cette institution prévues du 25 au 29 Mai 2015. Comment se passe alors le mode de désignation du Président?

Le président de la BAD est élu par le Conseil des gouverneurs, composé de 80 pays membres. Ces pays sont divisés en deux grands groupes: les membres régionaux (africains) qui représentent 60% des votes et les membres non régionaux (Etats-Unis, Japon, Arabie Saoudite, Brésil, France, …) qui détiennent 40% des votes. Pour être élu, le candidat doit recueillir une double majorité des voix: 50,01% des voix des africains et 50,01% des voix des membres régionaux et non régionaux.

En ce qui concerne la chance des huit candidats, bien que la candidature du Nigérian Akinwumi Adesina ait suscité un intérêt particulier en raison du poids économique de son pays d’origine, celle de l’étalon tchadien, Bedoumra Kordjé est immense et peut se résumer en plusieurs actes.

Acte 1: une expérience de 29 ans à la BAD et à divers niveau de responsabilité

De Chargé d’étude au Vice Président de la BAD, M. Bédoumra Kordjé totalise 29 ans d’expérience au sein de cette prestigieuse institution et a gravi tous les échelons. Cette longue et dense carrière à la BAD lui a permis de diriger la conception et la mise en œuvre de solides programmes et projets de développement économique et social en Afrique, ainsi que la réforme institutionnelle de la BAD. «…. j’ai laissé mes empruntes à la BAD donc je me sens associé dans l’évolution de cette Banque…» ajoute-t-il dans une interview accordée à nos confrères de Vox Africa.

Acte 2: une expérience gouvernementale aux résultats tangibles

Rappelé au pays en 2012, il a été nommé Ministre du Plan, de l’Economie et de la Coopération Internationale, Secrétaire Général de la Présidence de la République puis Ministre des Finances et du Budget, poste qu’il occupe jusqu’à nos jours. Durant l’année 2014, il a été Président du Conseil d’Administration de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et Président du Comité Ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC). Il a été ensuite élu en octobre 2014 Président du Conseil des Gouverneurs du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale pendant les Assemblées Annuelles de ces deux Institutions.

Bédoumra Kordjé a activement participé à la mise en œuvre d’un certain nombre de reformes majeures. A titre illustratif, l’élaboration du Programme National de Développement 2013-2015, l’instauration et l’amélioration d’un climat de confiance mutuelle dynamique entre le Gouvernement et les partenaires techniques et financiers, l’adoption de la nouvelle loi des finances instituant le budget programme, l’informatisation et meilleur contrôle de tous les circuits des dépenses de l’Etat, l’assainissement du fichier des fonctionnaires avec près de 5.000 fonctionnaires fictifs détectés (une économie de 17 milliards de FCFA par an soit 5% de la masse salariale), l’accroissement des recettes hors pétrole, la régularisation des lois de règlement non élaborées depuis 2003, l’accord avec le FMI sur un programme soutenu par la Facilité Elargie de Crédit, la publication régulière des informations financières, etc. L’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, annoncée par les observateurs avertis de l’économie tchadienne courant de l’année, sonne le glas de plusieurs tentatives sans succès menées par ses prédécesseurs.

Acte 3: un programme répondant aux problématiques actuelles et futures de l’Afrique

Le projet que porte le candidat tchadien est axé sur trois principales problématiques: l’intégration africaine, l’emploi des jeunes et celui des femmes. A propos de l’emploi, Bédoumra Kordjé se prononce en ces termes «Père de famille et issu d’une famille de paysans croyants, j’ai vécu les problèmes d’emploi des jeunes, d’absence d’opportunités pour les femmes, les difficultés spécifiques des communautés rurales, des travailleurs pauvres et des urbains défavorisés. Ces défis ont fondé très tôt mon engagement pour le développement du continent africain et ma passion pour servir l’Afrique.»

Acte 4: une géopolitique ingénieuse et affirmée de son pays d’origine

Depuis 2012, le Tchad est impliqué dans plusieurs fronts militaires hors de ses frontières. Ces interventions ont permis d’enregistrer des résultats tangibles tels que la souveraineté retrouvée du Mali ou le démantèlement de la nébuleuse secte Boko Haram. Des interventions aux lourdes conséquences humaines et financières, mais appréciées unanimement par la communauté internationale et particulière les africains. Cette aura internationale retrouvée par le Tchad est un atout majeur pour le candidat tchadien dans une élection où se joue des alliances entre pays.

Quelles retombées pour le Tchad? L’élection de Bédoumra Kordjé à la tête de cette institution pourrait être sans nul doute une opportunité pour la jeunesse tchadienne déjà sous représentée à la BAD. Quand il s’agit des retombées économiques pour le Tchad, elles risqueraient d’être minimes à court terme puisque le Président élu doit tout d’abord défendre la politique de son institution et non seulement celle de son pays d’origine. Toutefois, le Tchad bénéficierait de la visibilité aux retombées économiques énormes à long terme.

Jareth BEAIN

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